Vue sur… La gare de Canfranc
Je vous propose une nouvelle catégorie sur Pèlerins du temps : ‘Vue sur’ !
Il s’agit de découvrir, à travers chaque article, un lieu du patrimoine. Des célébrissimes châteaux de la Loire aux ruines romaines oubliées de nos contrés, en passant par d’anciennes mines abandonnées, l’objectif est de découvrir ou re-découvrir des lieux de notre passé ou de notre présent, et peut-être vous donner envie d’aller en visiter certains. Alors c’est parti pour ce premier ‘Vue sur’, consacré à la gare de Canfranc en Espagne !
La ligne Pau –> Canfranc, une prouesse en ingénierie ferroviaire
Cette gare devait permettre de faire la liaison ferroviaire entre la France et l’Espagne, de Pau à Canfranc. Construite à 1195 mètres d’altitude, les travaux ont commencé en 1904 après la signature d’un traité franco-espagnol. Ce fut une véritable prouesse d’ingénierie ferroviaire, due bien sûr à la traversée des Pyrénées. En 1915 est achevée la construction du tunnel de 7875m !
En 1922 commence la mise en place de la gare. L’inauguration se tient le 18 juillet 1928, notamment en présence du roi d’Espagne Alphonse XIII et du Président français Gaston Doumergue.
L’investissement économique fut considérable pour construire les quelques 80 ponts, 24 tunnels et 4 viaducs. Finalement, la ligne ne fut jamais rentable. Les formalités douanières nécessitent des heures d’attente. La grande crise de 1929 et l’incendie de 1931 conduisent à un ralentissement des activités. Le trafic est ensuite arrêté à de nombreuses reprises lors de la guerre civile espagnol (éclatée en 1936). La ligne ferroviaire devient un outil stratégique lors de la deuxième Guerre Mondiale pour le commerce entre l’Espagne et l’Allemagne, mais également pour la fuite de centaines de juifs et résistants.
Après la guerre, le trafic reprend difficilement entre Pau et Canfranc.
Un accident a lieu le 27 mars 1970 : un train déraille côté français, alors qu’il se trouvait en descente et détruit le pont d’Estanguet. La décision est prise de fermer la ligne internationale, dont l’importance avait encore réduit, et qui servait surtout à un trafic local. Aujourd’hui, il n’y a plus que quelques navettes qui circulent à destination de Saragosse. La liaison avec la France est coupée.
L’état de la gare de Canfranc aujourd’hui
Depuis des années maintenant, le bâtiment est pratiquement laissé à l’abandon, étant donné son activité quasi inexistante. Pourtant, l’accès n’y est pas bloqué, malgré les risques au niveau sécurité.
Ce bâtiment de 3 étages, mélange de classicisme et art nouveau d’influence française, construit en béton armé, verre, marbre et acier, souffre depuis des décennies du climat de la région. Chaleur importante l’été, pluies fortes, gelées et vent l’hiver ont raison du bâtiment abandonné. Une grande quantité de matériel laissé sur place, protégé dans la gare ou à ciel ouvert, souffre également des intempéries et du temps : wagons et voitures en bois, mobilier intérieur, structures métalliques etc. Sans compter que pendant des années, squatteurs et tagueurs ont profité de cet exceptionnel bâtiment laissé à l’abandon.
Depuis les années 90, de nombreux projets de réhabilitation sont proposés. Bien sûr, cela nécessite de répondre à certaines questions qui font toujours polémiques : doit-on conserver tout ce qui touche au patrimoine architectural ? L’investissement financier est-il toujours justifié ? Si le bâtiment est rénové et protégé, que peut-on en faire ? etc. Dans le cas de Canfranc, des travaux de rénovation ont commencé au milieu des années 2000.
Voilà la petite histoire d’un bâtiment méconnu, pourtant riche en architecture, ingénierie et patrimoine. Si certains d’entre vous ont eu l’occasion d’y aller, nous vous invitons à partager votre expérience en commentaire !
Si vous souhaitez en savoir davantage sur ce sujet :
Crédits photos : wikipedia.org (1, 2), Photo archives Sud Ouest (3, 6) forbidden-places.net (4), imagesdespyrenees.com (5), cybergeo.revues.org (7)
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